Le Moulin Rouge et l’emblématique musique du French Cancan
Janvier 2022
Une musique entêtante, un air devenu iconique : la musique du French cancan fait partie de l’histoire de Paris et de celle des cabarets. Le Moulin Rouge vous dévoile les secrets de cette mélodie enivrante, ainsi que ceux de son créateur, Jacques Offenbach.
L'histoire du Galop infernal d'Orphée aux Enfers par Offenbach
Le French Cancan, c’est avant tout un air emblématique : le Galop infernal d’Orphée aux Enfers. Une musique d’opérette qui représente l’ancêtre du French Cancan. Son créateur, Jacques Offenbach, est également le fondateur de l’opéra-bouffe, une catégorie d’opéra-comique traitant de sujets comiques et légers.
La biographie de Jacques Offenbach
Jacques Offenbach est un compositeur et violoncelliste allemand naturalisé français du XIXe siècle. Il s’impose comme le créateur de l’opéra-bouffe français, dont les mélodies légères et entraînantes connaissent encore un vif succès aujourd’hui. Devenu directeur musical de la Comédie-Française en 1847, il décide d’ouvrir quelques années plus tard le théâtre des Bouffes-Parisiens. Inaugurée en 1855, la salle accueille trois ans plus tard le premier opéra-bouffe d’Offenbach : Orphée aux Enfers, deux actes et quatre tableaux qui marqueront pour toujours l’histoire de la musique.
Par la suite, le compositeur s’illustre avec d’autres opéras-bouffes : La Grande-Duchesse de Gérolstein, La Vie parisienne, Les Brigands… Il se tourne ensuite vers l’opéra-bouffe-féerie avec Le Roi Carotte, puis l’opéra patriotique avec La Fille du tambour-major. Sa musique l’amène même à faire une tournée aux États-Unis en 1876. De retour en France, il prépare un nouvel opéra, fantastique cette fois-ci, mais meurt quelques mois avant la première. Les Contes d’Hoffmann lui apporteront finalement un succès posthume, en devenant l’un des opéras français les plus joués de nos jours.
La création de la musique d’opérette : le Galop infernal d'Orphée aux Enfers
Composé de deux actes et quatre tableaux à sa création en 1858, l’opéra-bouffe Orphée aux Enfers sera remanié en 1874 au théâtre de la Gaîté de Paris. Mais déjà, dans sa version originale, se trouve le Galop infernal d’Orphée, une musique d’opérette à la fois entraînante, insolente et provocatrice, parodiant les précédentes versions lyriques du mythe d’Orphée. « Ce bal est original, d’un galop infernal, donnons tous le signal, vive le galop infernal ! », les paroles devenues iconiques sont encore chantées aujourd’hui. La musique est reprise et arrangée par le célèbre French Cancan dès 1868, soit dix ans après la création de l’opéra-bouffe Orphée aux Enfers.
L’histoire du French Cancan
Mais il faut remonter aux années 1820 pour dater la création du French Cancan français. À cette époque, les bals publics et privés sont très prisés des Parisiennes et des Parisiens. On y danse alors en couple, et l’improvisation n’a pas vraiment sa place. Lassés de cette rigidité, une poignée d’hommes décident de s’offrir quelques minutes de danse en solo, laissant libre cours à leur imagination, tout en se défoulant. Ces moments sont alors baptisés des «chahuts » ou «cancans ». Bientôt, les femmes s’y mettent, et dépassent de loin les hommes par leurs prouesses, choquant au passage par leurs mouvements osés. En 1831, une loi tente même d’interdire le cancan – en vain !
L’esprit rebelle du chahut voit arriver une première vague de chahuteuses : la reine Pomaré, Céleste Mogador… Petit à petit, le cancan devient une attraction touristique. Le Britannique Charles Morton, inventeur du music-hall, lui ajoute le nom de « French » pour qualifier cette danse pratiquée par les Parisiennes. C’est ainsi que le nom de « French Cancan » est né. La danse est en réalité dérivée de la « quadrille naturaliste », une danse de salon très en vogue au début du XIXe siècle.
Finalement, le mouvement se professionnalise à partir de 1860, et on le voit peu à peu arriver à l’affiche des cabarets. Puis, en 1868, les danseurs et danseuses s’emparent du Galop infernal d’Orphée. Cet air deviendra inséparable du French Cancan. Dans les années 1920, le directeur artistique du Moulin Rouge, Pierre Sandrini, décide de supprimer l’improvisation pour laisser place aux figures imposées. Le cancan des cabarets doit alors sa popularité aux performances de ses danseuses devenues célèbres : la Goulue, Nini Patte-en-l’air, Grille d’Égout…
Jane Avril, née en 1868, fait partie des danseuses du Moulin Rouge qui ont marqué leur temps. Contrairement à d’autres danseuses, comme la Goulue notamment, elle ne se déshabille pas et ne s’offre pas aux hommes. Grâce à elle, le French Cancan s’exporte sur les scènes des cabarets de toute l’Europe, et Jane devient une muse pour le peintre Toulouse-Lautrec.
Aujourd’hui, le French Cancan continue de faire rêver petits et grands sur la scène du Moulin Rouge !